Comment la forêt de la Grange atteinte par la maladie de l’Encre va être reconstituée

Cet automne, l’ONF interviendra dans la parcelle 23 en forêt de La Grange. Située sur la commune de Villecresnes, cette opération vise à couper les châtaigniers morts atteints par la maladie de l’Encre. Dès cet hiver, une plantation d’arbres viendra reboiser cette zone concernée.

Depuis 2 ans, les forestiers observent un dépérissement avancé des châtaigniers dans la forêt de La Grange. En cause, la maladie de l’encre due à un pathogène microscopique, proche du champignon invisible à l’oeil nu (Phytophthora cinnamomi), qui se déplace dans le sol grâce à l’eau. Celui-ci se nourrit des racines finissant par provoquer leur nécrose. Avec un système racinaire défaillant, les châtaigniers ne s’alimentent plus et meurent.

Ce phénomène s’accentue de plus en plus ces dernières années en lien avec le changement climatique amenant des périodes de sécheresse plus longue et des hivers doux plus pluvieux favorables à son développement.

Les châtaigniers condamnés ou morts sont reconnaissables par l’absence totale de feuille sur une partie ou la totalité de leur cime.

60% DES PEUPLEMENTS DE CHÂTAIGNIERS FORTEMENT IMPACTÉS

Aujourd’hui, la maladie touche plus du tiers des châtaigniers dans la région Île-de-France. Dans la forêt de La Grange, 60% des peuplements à majorité de châtaigniers périclitent. Force est de constater que si rien n’est fait, son avenir s’en trouvera menacé.

L’ONF a la responsabilité de conserver ce patrimoine remarquable, dont les valeurs sociales (loisirs, détente et bien-être) sont très élevées. Des actions doivent être engagées motivées par plusieurs objectifs :

  • Mettre en sécurité les sites recevant du public.
  • Reconstituer certaines zones détruites par la maladie de l’Encre tout en donnant à la forêt de La Grange les armes pour qu’elle dure.
  • Préparer la forêt face aux conséquences du changement climatique.

Analyse du dépérissement par télédétection

REBOISER LES ZONES ATTEINTES PAR LA MALADIE DE L’ENCRE

À certains endroits de la forêt de La Grange, la maladie de l’Encre a entrainé une mortalité massive des châtaigniers. C’est le cas dans la parcelle 23 sur les communes de Villecresnes et Yerres. Depuis 2020, des diagnostics par satellite complétés par des observations au sol permettent de suivre son état sanitaire. Au total, 7.8 ha de peuplements de châtaigniers présentent un dépérissement très avancé.

En l’absence de traitement contre cette maladie, la coupe des châtaigniers, suivie de plantations, reste la seule action possible pour renouveler la forêt, puis sécuriser ses chemins et sentiers empruntés par les promeneurs. Plus fragiles aux vents et aux orages, des arbres morts peuvent en chutant provoquer des accidents sur les personnes et les biens. De même qu’ils représentent de la biomasse sèche potentiellement inflammable.

Forêt de la Grange : localisation de la parcelle 23

DE NOUVELLES PLANTATIONS AURONT LIEU CET HIVER DANS LA PARCELLE 23

Le reboisement des 7.8 ha de peuplements de châtaigniers morts de la parcelle 23, décidé en concertation avec les élus locaux et présenté durant la réunion publique du 8 septembre à Villecresnes, s’échelonnera en trois phases réparties sur 4 ans.

La première débute en octobre 2022. Celle-ci concerne trois zones d’une surface totale de 3.4 ha, à l’intérieur desquelles tous les châtaigniers morts seront coupés avant de reboiser (cf. plan). Toutes les autres essences (chênes, érables, merisiers, bouleaux…) seront conservées.

Ces interventions modifieront le paysage forestier actuel.

Le reboisement s’effectuera en 3 phases
Automne-hiver 2022 : phase 1 – > 3,4 ha
Automne-hiver 2024 : phase 2 -> 2.2 ha
Automne-hiver 2026 : phase 3 -> 2,2 ha

ORGANISATION DE L’INTERVENTION

Pour veiller à la qualité des interventions et au respect du calendrier, l’ONF encadre directement ce chantier. Bucheronnés manuellement, les bois coupés (grumes) sont stockés sur le sol ou empilés sur le parking le long de l’Allée des Tilleuls. Ils resteront plusieurs semaines sur place. Comme tout chantier en cours, l’aspect inesthétique et les désagréments temporaires qui en découlent (bucheronnage, ornières, engins forestiers) se signalent au premier coup d’œil. Une remise en état est prévue à la fin des travaux.

• AVENIR DES BOIS COUPÉS

Étant donné leur faible qualité, les châtaigniers issus de cette coupe
seront utilisés comme bois d’industrie :

  • 2/3 en panneaux de particules destinés à la construction de bâtiments. Empilés en longueur de 2 à 3 mètres, ils resteront sur place 6 à 7 semaines pour sécher avant leur évacuation vers les usines de transformations nationales.
  • 1/3 en bois de chauffage vendu aux chauffagistes locaux.

DIVERSIFER LES ESSENCES : UNE REPONSE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Dès cet hiver, l’ONF reboisera les 3.8 ha concernés par la coupe en plantant des arbres plus résistants au pathogène, adaptés au sol et au climat. Chênes sessiles et pubescents (en essence principale), cormiers, alisiers torminaux, érables de Montpellier, autant d’espèces différentes qui visent à préparer la forêt contre le changement climatique. En complément, les forestiers s’appuieront aussi sur les arbres qui s’installeront naturellement comme les tilleuls, les charmes ou encore les bouleaux. Aujourd’hui, les forestiers s’emploient à diversifier les essences dans la forêt de La Grange, la rendant ainsi moins fragile

UNE OPÉRATION SOUTENUE PAR

La Préfecture d’Île-de-France, le Département du Valde-
Marne et la Métropole du Grand Paris apportent leur soutien financier dans le cadre d’un partenariat visant à reconstituer les peuplements forestiers détruits par la maladie de l’Encre.